vendredi 8 octobre 2010

George Braque





[caption id="attachment_119" align="aligncenter" width="648" caption="Georges Braque - Le Viaduc à l’Estaque, juin-juillet 1908, MAM"]Georges Braque - Le Viaduc à l’Estaque, juin-juillet 1908, MAM[/caption]




Georges Braque (1882-1963) : “Pensées et Réflexions sur la peinture”



Autour du progrès, contre l'extension, de la limite vers le moyen, puis le sujet (la, pensée), reconstituant-représentant.



aphorismes de Braque en marge de ses dessins, rassemblés et publiés par Pierre Reverdy, revue Nord-Sud, Paris, décembre 1917.



1 En art le progrès ne consiste pas dans l'extension mais dans la connaissance de ses limites.


2 La limite des moyens donne le style, engendre la forme nouvelle et pousse à la création.


3 Les moyens limités font souvent le charme et la force des peintures primaires. Au contraire l'extension amène les arts de décadence.


4 Moyens nouveaux, sujets nouveaux.


5 Le sujet n'est pas l'objet, c'est l'unité nouvelle, le lyrisme qui sort complètement des moyens.


6 Le peintre pense en formes et en couleurs.


7 Le but n'est pas le souci de reconstituer un fait anecdotique mais de constituer un fait pictural.


8 La peinture est un mode de représentation.


9 Il ne faut pas imiter ce que l'on veut créer.


10 On n'imite pas l'aspect ; l'aspect c'est le résultat. Pour être l'imitation pure la peinture doit faire abstraction des aspects.


11 Travailler d'après nature c'est improviser.


12 Il faut se garder d'une formule à tout faire propre à interpréter aussi bien les autres arts que la réalité et qui au lieu de créer ne produirait qu'un style ou plutôt une stylisation.


13 Les arts qui s'imposent par leur pureté n'ont jamais été des arts à tout faire. La sculpture grecque et sa décadence entre autres nous l'enseignent.


14 Les sens déforment, l'esprit forme. Travailler pour perfectionner l'esprit. Il n'y a de certitude que dans ce que l'esprit conçoit.


15 Un peintre qui voudrait faire un cercle ne ferait qu'un rond. Il se peut que l'aspect le satisfasse mais il doutera. Le compas lui rendra la certitude. Les papiers collés dans mes dessins m'ont aussi donné une certitude.


16 Le trompe-l'œil est dû à un hasard anecdotique qui s'impose par la simplicité des faits.


17 Les papiers collés, le faux bois – et autres éléments de même nature – dont je me suis servi dans certain dessins s'imposent aussi par la simplicité des faits et c'est ce qui les a fait confondre avec le trompe-l'œil, dont ils sont précisément le contraire. Ce sont aussi des faits simples mais créés par l'esprit et qui sont une des justifications d'une nouvelle figuration dans l'espace.


18 La noblesse vient de l'émotion contenue.


19 L'émotion ne doit pas se traduire par un tremblement ému. Elle ne s'ajoute ni ne s'imite. Elle est le germe, l'œuvre est l'éclosion.


20 J'aime la règle qui corrige l'émotion.


cité in Art en théorie 1900-1990, Hazan, Vanves, 1997, pp. 246-247.






[caption id="attachment_120" align="aligncenter" width="569" caption="Une bien fausse photographie. L'Olivier près de l'Estaque est un des tableaux volés au Musée de la Ville de Paris en mai 2010"][/caption]