Linguistique

Structure, Sémantique



Locution


Langue


Narratologie, lecteur



 




Emile Benveniste (1902-1976)
La communication humaine est plus qu'animale (stimulus-réponse).
je et tu dépendent de leur position dans le langage.
Différence entre énoncé (en dehors du contexte) et énonciation (dépendant du contexte).
Le langage devient une instance discursive.





2.1.3. La théorie de l’énonciation, une approche phénoménologique du temps dans et du temps du langage

La théorie de l’énonciation de Benveniste (1974), qui reprend la réflexion classique de Saussure sur la distinction « parole » vs. « langue », propose que la langue ne peut qu’être discours, acte d’énonciation. Et comme tout acte, il est de nature temporelle. De ce point de vue, c’est par la langue que se manifeste l’expérience humaine du temps : le temps linguistique n’est pas le calque d’un temps défini hors de la langue. En linguistique (Benveniste, 1966) on distingue traditionnellement discours et récit par l’utilisation différentielle des temps verbaux et des déictiques : alors que le passé simple et l’imparfait, d’une part, et l’utilisation de pronoms de troisième personne, de l’autre, caractérisent le récit, le passé composé et l’imparfait, d’une part, et l’utilisation de pronoms de première et deuxième personne et de déictiques de l’autre, caractérisent le discours. Le discours est ainsi ancré dans le présent d’élocution et incarné dans le locuteur. Et le temps linguistique est qualitatif, non mesurable. Dans la perspective de l’énonciation il s’agit non pas du présent formel de la conjugaison mais d’un « présent continu, coextensif à notre présence propre » (Benveniste, 1974 : 83).

Le temps linguistique est organiquement lié à l’exercice de la parole car il se définit et s’ordonne comme fonction du discours (ibid.. : 73). Le temps présent est défini comme le moment où le locuteur prend la parole : le présent se renouvelle ou se réinvente chaque fois qu’un individu fait acte d’énonciation et s’approprie les formes de la langue en vue de communiquer90. Le présentlinguistique est ainsi le fondement de toutes les oppositions temporelles : le passé constitue l’antériorité du moment d’énonciation, et le futur sa postériorité. Une observation majeure est en lien avec la linguistique interactionnelle qui étudie le déploiement des tours de parole dans le temps.
Notes
90.

« (…) la langue ordonn[e] le temps à partir d’un axe, et celui-ci est toujours et seulement l’instance de discours » (Benveniste, 1974 : 74)





Émile Benveniste (1902-1976) avait déjà une solide réputation de comparatiste, spécialiste des langues indo-européennes (Origines de la formation des noms en indo-européen, 1935, qu'allait prolonger le Vocabulaire des institutions indo-européennes, 1969), quand il s'est décidé à réunir une série d'articles parus dans des revues spécialisées entre 1939 et 1964 (Problèmes de linguistique générale, 1964) puis entre 1965 et 1972 (Problèmes de linguistique générale II, 1974). C'est dans le second volume que Benveniste confronte les propositions structurales aux interrogations des sciences (histoire, psychanalyse, philosophie, logique...). Il propose alors des réponses qui se trouvent au principe de plusieurs développements contemporains de la linguistique.
1. « L'homme dans la langue »

Tel est le cas de sa théorie de l'énonciation. Benveniste distingue deux types d'usage de la langue : cognitif (comme en logique, la langue est utilisée pour émettre des jugements indépendants du locuteur) et énonciatif. Alors que la proposition « Socrate est un homme » a une valeur universelle, la valeur de vérité de la proposition « Je suis une femme », à cause du « je » qu'elle contient, dépend de la personne qui la profère. Des éléments de la langue « à statut plein et permanent » s'opposent donc à d'autres qui dépendant de l'individu qui les emploie. « Ainsi l'énonciation est directement responsable de certaines classes de signes qu'elle promeut littéralement à l'existence. Car ils ne pourraient prendre naissance ni trouver emploi dans l'usage cognitif de la langue. Il faut donc distinguer les entités qui ont dans la langue leur statut plein et permanent et celles qui, émanant de l'énonciation, n'existent que dans le réseau d'« individus » que l'énonciation crée et par rapport à l'« ici-maintenant » du locuteur. Par exemple ; le « je », le « cela », le « demain » de la description grammaticale ne sont que les « noms » métalinguistiques de je, cela, demain produits dans l'énonciation.

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