"Dieu sait si les cimetières sont paisibles : il n'en est pas de plus riant qu'une bibliothèque"
(Jean-Paul Sartre : Qu'est-ce que la littérature, Galliamard, Paris, 1948, p. 33)
Le critique, cet artiste raté gardien de cimetière prend sa revanche sur ceux qui se sont donnés la peine de bien mourir, et rien de plus !
La religion prospère sur la résurrection, elle pose donc la perte, le manque qu'elle assouvit.
« Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. »
Jean 12, 24-25
Il y a si peu de rites, ils suivent tant les rituels. Pour l'enterrement d'un grand poète surréaliste au cimetière Montparnasse, on invite un homme d'église en privé, puis on lit des poèmes, l'Art remplace le rituel - qui lui même remplaçait l'art - , le critique garde le cimetière.
[caption id="attachment_65" align="alignnone" width="204" caption="Pierre Albert-Birot (1876-1967) - Autoportrait"][/caption]
Des bénévoles mettent en terre ceux que personne ne réclament, eux qui n'ont apparemment pas compris, honorent ceux qui ont compris que les Services n'honorent que le bonheur des vivants. Pas la ruine visible des familles de Buenos Aires ou du Tchad qui dépensent le nécessaire dans des offices, pas de pièces d'or sur les yeux pour passer le Charon. Ils leur lisent le Notre-Père ... de Prévert.
Jacques Prévert - Notre Père
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